02 janvier 2006

A table !


ou les hyènes ,

Ils ont de drôles de coutumes ces êtres humains, ces êtres dit de logique, ces êtres qui considèrent la parole comme un don, des rites qu’aucune raison ne peut en cerner l’essence et la logique, surtout celles que j’appelle "les rencontres dégustations", on a tous été invité un jour ou l’autre à de telles rencontres, et rares sont ceux qui se rappellent quand est ce que ça a commencé, personne ne se souvient de la première fois ou il a été convié à prendre part à de telles cérémonies, mais nous sommes tous passés par-là, ces rencontres sont organisés par des « amis » qui s’aiment me dit on, des « gens biens », on y partage de petits plats dont personne ne connaît la recette, à part le cuisiner bien sur, des amuses bouches, il faut les déguster avec finesse, en faisant attention à avoir un joli sourire, en lançant de temps en temps un « merci ma chère, mon cher », ce qui est tout à fait normale entre des « amis qui s’aiment », tout le monde sait utiliser des couteaux et des fourchettes, tout le monde porte des gants blanc, tout le monde est beau, tout le monde félicite le cuisinier ou la cuisinière, et plus le plat est épicé plus les éloges sont longues, plus les discussions qui suivent sont animés, plus l’amitié entre ces amis qui s’aiment est forte, c’est la règle, il faut toujours jouer le jeu pour pouvoir y être invité encore une fois, tout le monde veut découvrire le secret de préparation des ces plats, tout le monde tient à qu’il soit invité à chaqu'une de ces cérémonies, et pour cela il faut soit devenir cuisinier à son tour, préparer des plats dont on gardera jalousement la recette, les épicer en faisant appel à son imagination, soit se faire oublier en se conformant aux règles, en continuant à sourire et à faire des éloges, à être d’accord, à apprécier les plats, et généralement ça nous plait, on devient accro, on attend avec impatience la prochaine invitation, on essaye toujours de percer le mystère des recettes, de découvrire le secret du cuisinier, et ça dure jusqu’au jour ou t’y parvient, ce jour sera un jour pas comme les autres, tout sera pareil au début, tout le monde attendra avec impatience le plat du jour, tout le monde fera attention au jeu des félicitations et des sourires, tout le monde trouvera que tout le monde est beau, mais ce jour la tout changera au moment ou tu commencera la dégustation, a l’instant ou tu découvre que le goût t’est familier, même plus que ça, c’est de la chaire humaine, la chaire de quelqu’un pour qui tu réserve un sentiment de respect, d’amitié ou tout simplement d’amour, un sentiment sincère et non pas un sentiment cérémonial, rituel, à cet instant là tout change, tout se métamorphose, le monde autour de toi n’est plus le même, les rires continuent de raisonner autour de toi, mais ce ne sont plus de simples rires, ce sont des rires d’hyènes, qui bourdonnent dans ta tête et que t’arrive plus à faire taire, qui retentissent comme des sirènes, le blanc devient rouge, les fourchettes se transforment en griffes, tu commence à voir les croqs apparaitre derrière les beaux sourires la beauté en laideur, t’essaye de t’en aller de t’enfuir, de partir le plus loin possible, mais tu ne peux point, tu sens comme si deux mains froides transperçaient ta poitrine pour te serrer le cœur, si chaud, s’y agripper avec tant de force et de cruauté, y foncer les griffes, ton cœur essaye d’y échapper, il essaye de continuer à battre, de se débattre, mais en vain, la cause est perdu, les mains ne lâchent pluss prise, tu commence à sentire que t’étouffe, t’arrive plus à aspirer l’air, il te brûle les poumons, il devient si lourd, si pesant, toute l’existence devient pesante, tu sens quelque chose bouger dans tes entrailles, comme si tes intestins se transformaient en rats, comme si elles commençaient à te dévorer de l’intérieur, à ronger ta squelette, tu veux lancer un cri de douleur mais tu t’en empêche, ta lâcheté tu t’en empêche, tu te regarde, tu essaie de voir ce qui reste de toi, tu découvre que t’es tacheté de sang de partout, tout ton visage est en sang, tu essaye de frotter les tâches, mais à chaque fois elle deviennent encore plus rouges, encore plus grandes, encore plus effrayantes répugnantes, et ce goût amer de chaire humaines, qui te donne la nausée, que tu peux pas supporter, pourtant t’en a apprécié le goût si longtemps au par avant, il continue à irriter ta langue, comme de l’acide, à en vouloir la couper et la jeter le plus loin possible, là ou tu risque plus de la revoir, maintenant que tu a percé le secret de la recette tu n’arrive à rien avaler, maintenant que t’a donné un nom au cuisinier, vengeance, jalousie ou connerie, tu n’arrive plus à le regarder, pourtant t’as tant de fois souhaité être invité à sa table, et là tu sens que le monde s’effondre sous tes pieds, tu sens que tu t’enfonce dans un puits sans fin, tu te sens si lourd, t’essayer de t’agripper quelque part mais tu n’y arrive pas, tes membres refusent de t’obéir, tu essaye de trouver un bout de lumière, mais désormais la cécité a déjà envahi tes yeux et ton âme, tout devient sombre, pourtant t’as enfin su ce que tu voulais savoir, tu détient enfin le secret !

Et tu passe des journées entières après à essayer d’effacer le souvenir de ce plat de ta mémoire, à essayer d’ignorer les rires d’hyènes qui continuent à raisonner dans ta boite crânienne, à te laver la bouche avec tant d’énergie et d’application en espérant que tu arriveras à vaincre l’amertume, à sentir autre chose que la chaire humaine fraîche, tu essaye de te blanchir la conscience, de rendre les tâches de sang moins pourpres, de convaincre ton cœur qu’il n’y a plus rien à craindre, qu’il peut retrouver un rythme de battement normal, tu essaye de faire comme si rien n’était, t'as envie te partager le fardeau avec quelqu'un, mais tu t'en empêche, après avoir tant bavardé tu prefères le silence, mais en même temps tu espère au fond de toi que le souvenir de cette expérience reste à jamais vif, que tu en souffre le Martyr jusqu’à la fin de tes jours, de peur de renouer avec le rituel de dégustation, d’y prendre goût tout en sachant qu’à chaque fois il y’a un cadavre humain dans ton assiette, et un mort vivant qui souffre en silence quelque part autour de toi. La parole n’est pas un don, elle est plutôt une malédiction !

C'est après une telle experience qu'on découvre le sens de ces mots sages :

AL HOUJOURAT:
"يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا اجْتَنِبُوا كَثِيراً مِّنَ الظَّنِّ إِنَّ بَعْضَ الظَّنِّ إِثْمٌ وَلَا تَجَسَّسُوا وَلَا يَغْتَب بَّعْضُكُم بَعْضاً أَيُحِبُّ أَحَدُكُمْ أَن يَأْكُلَ لَحْمَ أَخِيهِ مَيْتاً فَكَرِهْتُمُوهُ وَاتَّقُوا اللَّهَ إِنَّ اللَّهَ "تَوَّابٌ رَّحِيمٌ

AN-NUR:
"
وَلَوْلَا فَضْلُ اللَّهِ عَلَيْكُمْ وَرَحْمَتُهُ فِي الدُّنْيَا وَالْآخِرَةِ لَمَسَّكُمْ فِي مَا أَفَضْتُمْ فِيهِ عَذَابٌ عَظِيمٌ
إِذْ تَلَقَّوْنَهُ بِأَلْسِنَتِكُمْ وَتَقُولُونَ بِأَفْوَاهِكُم مَّا لَيْسَ لَكُم بِهِ عِلْمٌ وَتَحْسَبُونَهُ هَيِّناً وَهُوَ عِندَ اللَّهِ عَظِيمٌ
وَلَوْلَا إِذْ سَمِعْتُمُوهُ قُلْتُم مَّا يَكُونُ لَنَا أَن نَّتَكَلَّمَ بِهَذَا سُبْحَانَكَ هَذَا بُهْتَانٌ عَظِيمٌ"

et surtout les versets 23,24 et 25



5 commentaires:

Anonyme a dit…

encore une fois trés beau texte mon cher, vraiement chachiya:))))
et un encore une fois un grand merci pour tt

Anonyme a dit…

C'est peut-etre parce qu'il est 5h54 du matin je sais pas mais je suis un peu perdu.
Les hyènes et le cuisinier déjà c'est qui?
Et puis quel rapport avec la parole?
Et pourquoi généraliser sur la parole en général?

Hatchoum a dit…

@sami : il s'agit de ta9ti3 ou traiich aya fi9li la nemchi entayeb s7ayen esmou sami thaye3 fiha ou nestad3a les hyènes pour le partager avec moi :p

Gattuso a dit…

je ne comprend pas pourquoi wakt ittakti3 wil taryich t'as envie de fuir, si c'est d'un ami qu'il s'agit il faut au contraire rester pour le défendre

Hatchoum a dit…

@gattusu, défendre c'est épicer le plat,le rendre plus savoureux pour les autres,plus amer pour toi, de toute facon à ce moment les autres tu t'en fou complètement, tu fuis le sentiment de culpabilité tout simplement