25 février 2006

Intervention Divine






Une grande majorité, (aucune statistique officielle n’a été faite, une aberration de ma part ? peut être …) des spectateurs diront une fois sorti de la salle qu’il est ennuyeux, ce qui, je suppose, est un compliment pour le réalisateur, car c’est l’effet qu’il a cherché à transmettre, c’est le sentiment qu’il avait besoin de communiquer. Le film commence par des séquences de bouts de vies monotones, prédictibles à un tel point qu’on peut les résumer sur des post-it qu’on accroche à un mur, se déroulant dans les terres occupés, on a l’impression qu’elles se répètent à l’infini, on ne sait pas quand est ce qu’elles ont commencé, et on ne sais pas non plus quand est ce qu’elles vont prendre fin, ni si elles devaient prendre fin, le spectateur est ainsi appelé à essayer de combattre cette monotonie, on est attentif pendant le premier quart d’heure, on attend l’événement qui va rompre cette routine, on attend un coup de théâtre qui tarde à venir, il prend tellement de retard qu’on se laisse porter par la vague de l’ennuie vers le large de l’immense océan de l’uniformité, on ne s’agite plus, on ne se bat plus, on se laisse aller et on laisse baisser notre garde, pour l’immense plaisir de « … », ainsi, et graduellement il nous montre qu’il ne s’agit guerre d’une monotonie au sens commun du terme, qu’elle est faite d’ « exceptions », qu’elle sort du quotidien tel qu’on le connaît, qu’elle est pleine d’événements non conformes selon le sens le plus partagé de ce terme, mais qu’elle est devenue banale aux yeux de ceux qui l’ont vécu, et comme ceux-ci, nous ne sommes plus de simples spectateurs ayant assez de recul pour se laisser surprendre, nous sommes des acteurs qui font partie de cette monotonie exceptionnelle ou plutôt de cette exception devenue monotone, nous ne réagissons plus mais nous subissons, on arrête d’anticiper, on arrête d’essayer de deviner de quoi sera faite la prochaine scène, de quoi sera fait le futur, on se contente de marquer notre présence dans le présent, tout se ressemble, tout est confus, à un tel point qu’on n’arrive pas à distinguer si un œil pleur un père, ou si c’est une réaction à l’odeur de l’ognion, on subit la vie avec tant de fatalisme et de laisser-faire.

On le sait tous, la lassitude succède généralement à la passion, le fatalisme à l’enthousiasme, face à un problème ou à une situation problématique la première réponse est l’agitation, la colère, la volonté d’ « agir », de se défendre, de résister au courant, de se plaindre, de gueuler, de crier de communiquer sa rage, mais une fois qu’on réalise qu’on n’est qu’un Don Quichotte qui combat des moulins à vents, qu’on était en train d’essayer de soulever une montagne à mains nus, on préfère souvent se réfugier dans le mutisme, car on a l’impression que toutes nos paroles ne sont en fait que bavardage, qu’aboiement d’un chien au passage d’une caravane. D’où le peu de dialogue dans le film, on se contente d’observer, de voir les choses se passer, on n’éprouve aucun sentiment, aucune colère, les expressions des visages se figent, les regards paraissent si perdu, si désintéressés de ce qu’ils aperçoivent, à l’image des traits et du regard du personnage principal.


A la colère succède l’ironie, la satire, tout est alors sujet aux moqueries, tout fait rire, non pas un rire joviale enfantin, il s’agit en effet de l’humour noir !l’humour un premier langage de substitution, le deuxième étant le rêve ou l’imaginaire. L’imaginaire est évoqué de deux manières. La première est constitué de cette multitude de symboles parsemés un peu partout, comme si on était dans un jeu de piste, ce qui semble être une simple querelle stupide entre voisin est un symbole de déchirement au sein de la société palestinienne, le check point, symbole de la rupture, de l’humiliation quotidienne, l’image de la femme fatale est un autre indice, le réalisateur nous montre le sens figuré de se symbole, une femme sexy, qui d’un simple regard défie les soldats, traverse leurs rangs, fait éclater leur tour de contrôle, avec tant de panache, sans trembler, sans perdre de son éclat, le check point est totalement en ruine, elle, elle est si intacte si vivante, à travers cette image le réalisateur nous prend en contre-pied, il se joue de nous, car là on a été témoin d’une femme fatale au vrai sens du terme, une femme qui s’est approché du check point, qui est descendu de sa voiture, qui s’est fait exploser au point de passage, et si elle a continué sa route aussi vivante qu’au moment ou elle a quitté sa voiture, c’est grâce à la deuxième forme de l’imaginaire, le rêve, qui est la clef de cette œuvre.
Tous les enfants rêvent de super héros, tous les enfants rêvent de devenir à leur tour des super héros, ainsi ils essayent d’oublier leurs petites tailles, leurs fines silhouettes, leurs bras si peu musclés, à travers ce rêve ils réalisent les miracles aux quels ils s’attendent !


Les enfants palestiniens ne sortent pas de cette règle, eux aussi ils rêvent, eux aussi ils ont leurs vengeurs masqués, qui ne ressemblent pas à ce bonhomme vêtu en rouge et portant une grande barbe blanche distribuant des cadeaux, ils ne veulent pas d’héros de ce types, ils n’arrivent pas à s y’identifié, La vie ne leur
a pas donnée de cadeau, la vie n’a pas été généreuse avec eux, pourquoi un homme le serait, les enfants ont ainsi assassiné le père noël. Et en grandissant le rêve de vengeance a grandi avec eux, c’est là que tout se passe, c’est là que convergent leur colères et leurs frustration, tout le monde rêve d’une « intervention divine », ils rêvent d’un miracle, il y a certains rêves naïfs, Arafat dessiné sur un ballon qui réalise son dernier souhait de mourant, un noix d’abricot qui fait éclater un char israélien. D’autres rêves sont eux plus proches de la réalité, c’est la réalité raconté autrement, ce sont les héros de la société qui l’incarnent, ces héros qui survivent dans les mémoires à la mort, ceux qui défient avec leur grenades et leurs lancent pierres une armée sur équipée, ces martyrs qui rappelleraient peut être le premier martyr de ces terres, le christ, sinon comment interpréter cette image d’une femme kamikaze, image naïve dans son apparence puisque faisant référence à une production hollywoodienne, s’élevant dans le ciel les bras ouvert comme si accroché à une croix invisible, avec une couronne sur la tête non pas d’épines mais de balles de mitraillettes. Ce type d’images est tout ce qui reste au palestinien moyen pour survivre à son quotidien. Le rêve fait vivre nous dit on, et la palestinien rêve d’une intervention divine, mieux encore il est en train de la voir à travers « les martyrs de la nations » ces supers héros dont on accroche les portraits dans les places publiques.

Certains reprocheraient au réalisateur de faire l’apologie des attentas suicides te la violence, du crime tout court diront quelques uns. Je dirais qu’il ne fait que dresser un bilan psychologique de la société palestinienne, il ne fait que traduire l’exaspération d’un quotidien étouffant, devant lequel on perd l’usage de la parole, un quotidien ridicule qui faute de pouvoir y échapper on préfère en rire, et qui serait si pénible à vivre sans l’échappatoire que constitue le rêve, sans cette attente d’une intervention divine, le film ne cherche pas à faire une quelconque apologie, il ne fait que nous aider à comprendre.

Le film raconte une histoire d’amour entre un jeune couple, séparé par un check point, lieu de passage incontournable, image symbole de l’humiliation de tout un peuple, la femme se fait exploser en kamikaz, se transforme en une sorte de légende à travers la quelle on défi ce sentiment d’exaspération, un signe d’une action divine !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

waouuuuuu.. chapeau bas vraiement... si le rélisateur lit ton post ,il ne manqura pas à venir te serrer la main:p
non mais sérieusement..le coup de l'ennui très bien vu..peut etre je devrai le revoir en fin de compte:p